Significations de la santé et du prendre soin de soi pour des personnes qui font usage de drogues par injection et perspectives de ces dernières sur ce qui pourrait être fait pour leur permettre de mieux prendre soin d'elles-mêmes
Date
Auteurs
Nom de la revue
ISSN de la revue
Titre du volume
Éditeur
Résumé
Université de Sherbrooke
Significations de la santé et du prendre soin de soi pour des personnes qui font usage de drogues par injection et perspectives de ces dernières sur ce qui pourrait être fait pour leur permettre de mieux prendre soin d’elles-mêmes
Par Hélène Poliquin Programme de sciences cliniques
Thèse présentée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé en vue de l’obtention du grade de philosophiae doctor (Ph.D.) en sciences cliniques
Longueuil, Québec, Canada Février 2019
Membres du jury d’évaluation
Edith Ellefsen, Ph.D., professeure titulaire, présidente du jury, École des sciences infirmières Sophie Dupéré, Ph.D., professeure agrégée, membre du jury externe, Faculté des sciences infirmières, Université Laval Bastien Quirion, Ph.D., professeur agrégé, membre du jury externe, Département de criminologie, Université d’Ottawa Karine Bertrand, Ph.D., professeure titulaire, directrice de recherche, Programme de recherche en sciences de la santé Michel Perreault, Ph.D., professeur agrégé, directeur de recherche externe, Département de psychiatrie Université McGill
© Hélène Poliquin, 2019 SOMMAIRE Significations de la santé et du prendre soin de soi pour des personnes qui font usage de drogues par injection et perspectives de ces dernières sur ce qui pourrait être fait pour leur permettre de mieux prendre soin d’elles-mêmes Par Hélène Poliquin Programmes de sciences cliniques
Thèse présentée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé en vue de l’obtention du diplôme philosophiae doctor (Ph.D.) en sciences cliniques, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, Canada, J1H 5N4
Les personnes qui font usage de drogues par injection (PUDI) font face à de multiples menaces à leur santé et à leur vie, ceci alors qu’elles sont appelées à s’autoresponsabiliser et à réduire les risques à leur santé. Le but de cette étude était de décrire et comprendre les significations de la santé et du prendre soin de soi pour des PUDI en consommation active de drogues et de dégager ce qui pourrait être fait, selon elles, pour qu’elles puissent mieux prendre soin d’elles-mêmes. Cette recherche qualitative, influencée par les courants critiques et l’interactionnisme symbolique (Blumer, 1969) a employé trois méthodes de collecte des données : l’observation participante, des entrevues individuelles et des groupes focalisés. Au total, 30 PUDI (18 hommes et 12 femmes) ont participé aux entrevues. Selon les analyses réalisées (Miles et al., 2014), les significations de la santé sont classées sous quatre catégories : ce qu’elle est; à quoi elle sert; à quoi elle est liée; et les valeurs associées. La santé représente surtout une valeur à la fois sociale et intrinsèque à la vie. Elle est vue comme une ressource permettant de fonctionner, d’être autonome et de se réaliser. Quant au prendre soin de soi, il consiste en une attention au « soi physique, psychologique et psychique » et au « soi relationnel, social et politique » qui engage des gestes et des actions pour améliorer ses conditions de vie, sa santé, son bien-être et préserver sa dignité. Des éléments clés identifiés au processus du prendre soin de soi sont : l’estime de soi, le bonheur et la réalisation de projets et de rêves. La plupart du temps, les participants s’efforcent de prendre soin d’eux tout en devant composer avec six principales épreuves : (1) l'enfance et l'adolescence; (2) la consommation de drogues; (3) les émotions et troubles mentaux; (4) la marginalisation sociale; (5) la maladie et la mauvaise santé; et (6) l’inadéquation des services de santé et communautaires et les interactions difficiles au sein de ces services. Quant à ce qui devrait être fait pour les aider à mieux prendre soin de soi, les participants ont soulevé des enjeux politiques, idéologiques et organisationnels. Concernant les services de santé, ils ont été fort critiques et ont déploré : le manque d’écoute; la stigmatisation et la discrimination; les difficultés pour y avoir accès; leur inadéquation; et l’offre fragmentée et non intégrée. Parmi leurs principales recommandations se trouve celle d’accroître l’accès à des services de proximité, interdisciplinaires et intégrés sous forme de clinique médicale sans-rendez-vous. Revendiquant leur autonomie, un bon nombre souhaitent davantage d’accès au logement et au travail et que l’on valorise leur potentiel et leurs savoirs expérientiels notamment par la pair-aidance. Cette étude a permis de dégager les perspectives de personnes peu entendues sur des sujets peu explorés. Les résultats peuvent guider l’amélioration et l’humanisation des soins et contribuer à repenser les services offerts au-delà de la prévention des risques sanitaires avec une plus grande attention aux aspects sociaux et au concept de capacité rattaché à leurs représentations de la santé. Cette étude incite à repenser la place donnée aux PUDI dans la société et à examiner les mécanismes sociaux sous-jacents qui contribuent à maintenir ces personnes dans une grande précarité sociale dont le manque d’imputabilité des institutions et de la collectivité, la moralisation et la discrimination sociale.